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L'Afrique commentée

19.1.04

NON A LA NEGATION DU GENOCIDE RWANDAIS
Il y a quelques semaines, le quotidien montréalais Le Devoir a publié une critique inflammatoire signée Robin Philpot. Cette attaque visait le livre J'ai serré la main du diable du général canadien à la retraite Roméo Dallaire (voir mon blog du 6 janvier dernier. Mais la critique visait avant tout l'histoire du génocide rwandais.

Cette honteux article a naturellement provoqué des réactions houleuses et une réplique de M. Philpot.

[-La critique
-Un professeur qualifie la critique de 'négation de génocide'
-Deux autres universitaires défendent le général Dallaire
-La réplique de Philpot ]

Cette tempête m'a poussé à soumettre au journal un courrier des lecteurs.

--
A la rédaction:
Robin Philpot dit n’avoir jamais ‘nié qu'il y ait eu des tueries massives, même parfois à caractère ethnique’ au Rwanda tout en rejettant ‘catégoriquement l'utilisation abusive du terme <>’ Ces propos, ainsi que sa critique inflammatoire du livre du général Roméo Dallaire, font preuve de son ignorance du droit international.

La Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide ne peut être plus claire. Selon ce document:

‘le génocide s'entend de l'un quelconque des actes ci-après, commis dans l'intention de détruire, ou tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel :

a) Meurtre de membres du groupe;
b) Atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe;
c) Soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle;
d) Mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe;
e) Transfert forcé d'enfants du groupe à un autre groupe.’

Durant les massacres, la Radio Mille Collines, surnomée la Radio de la haine, lisait les noms des Tutsi à être tués par les foules. Deux chefs de la Radio de la haine vient d’être condamnés à perpétuité par le Tribunal pénal international pour le Rwanda [TPIR]. La tragédie était planifiée, non selon les ‘historiens de l'immédiat’, mais d’après la justice internationale.

L’utilisation du mot génocide lors d’un conflit innocenterait l’autre partie guerrière? Comment ça?! Les Alliés ont sans doute commis certains crimes de guerre lors de la Seconde Guerre mondiale. Est-ce que cela nous empêche de parler de génocide juif?

La ‘révélation’ des aspirations politiques du Front patriotique rwandais (rebellion lors du génocide, actuellement au pouvoir) est présentée comme démystification du fait de génocide.

Mais aucun génocide de l’histoire n’a eu lieu sans caractère politique. Le génocide est bien un acte politique. S’inventer un bouc-émissaire sert à distraire des populations qui vivent dans la misère. La haine, c’est parfois de la bonne politique. Au Rwanda, aux Balkans, au 3e Reich... la liste n’est pas courte.

Philpot aimerait nous faire croire que la majorité rwandaise fut prise par une folie spontanée, une colère venue de nulle part. Que la haine entre voisins et amis soit l’état naturel des choses... du moins là-bas, chez les sauvages.

En fait, les dirigeants extrêmists de l’ex-régime s’opposaient farouchement à une partage de pouvoir avec les Tutsis, même si la majorité des Hutus voulait la paix et la tranquilité.

Ce génocide, comme tous les autres de l’histoire, n’est pas né dans un vide. Il fut provoqué par un petit clan de gens soucieux de rien d’autre que de garder leur position priviligiée, menacée par un vent de changement.

M. Philpot, c’est cette mafia malicieuse qu’on démonise, non la majorité. Contrairement aux génocidaires, la communauté internationale ne prêche pas la politique de culpabilité collective. C’est pourquoi le TPIR vise les cerveaux qui ont planifié les tueries.

Philpot accuse des membres de l’ex-rebellion d’avoir commis des crimes contre l’humanité. Qu’ils soient traduit devant le TPIR aussi! La justice exige!

Quoi qu’ait fait le FPR, un génocide contre les Tutsis, l’utilisation EXACTE du terme, a bien eu lieu.

Cordialement à vous,
[Moi]