RWANDA: LE DEROULEMENT DU GENOCIDE
Photo issue de: NPR. Des réfugiés proche d'une fosse commune. A l'époque, des émissions radiodiffusées appelaient les Hutus à tuer les 'cafards.' Des voisins ont tué leurs voisins et beaucoup de gens ont cherché le refuge dans les églises ou les écoles pour y trouver la mort.
A la suite de l'assassinat des chefs d'Etat rwandais et burundais le 6 avril 1994, le génocide se déroulé tout de suite. Le même jour, des milices extêmistes hutues commencent à tuer des Hutus modérés et tous les Tutsis. Le 9 avril, seuls trois jours plus tard, des journaux font déjà état de plusieurs 'dizaines de milliers' de morts. Ce jour-là, le général Dallaire demande que sa mission de 2500 soldats de maintien de la paix soit doublée. La France, les Etats-Unis et la Belgique rejettent cette requête pour des raisons propres à chacun.
La semaine suivante, des extrêmistes assassinent dix Casques bleues belges et les portent dans les rues de Kigali, la capitale rwandaise, devant les caméras. Cet événement est designé à choquer la Belgique pour qu'elle retire ses troupes, comme avaient fait les Américains en Somalie l'an précédent. Le plan réussit et les soldats belges quittent le pays le 15 avril.
Ne voulant pas se retirer seule, la Belgique demande aux Américains de mettre une fin définitive à la mission onusienne. Le secrétaire d'Etat (chef de la diplomatie américaine) Warren Christopher est d'accord et instruit Madeleine Albright, sa représentante auprès de l'ONU, d'insister sur une retraite totale. Elle s'y oppose farouchement, tout comme des pays africains.
Un plan 'compromis' finit par se faire adopter. Ce plan maintient les Casques bleues au Rwanda. Mais plutôt de doubler la mission, elle est réduite de 90% à quelques centaines.
Pas content de refuser le déploiement de leurs propres hommes, la France, la Belgique et les Etats-Unis refusent d'autoriser quelque intervention que ce soit afin de stopper ou empêcher le génocide... même une intervention venue d'ailleurs.
La Belgique ne veut pas être embarassée davantage à la suite de leur retraite hâtive. Les Etats-Unis sont paranoïques que même si un autre pays intervenait, les Américains allaient finir par être contraints de salir les mains... ce qui est inacceptable un après le débacle de Mogadisco. Depuis longtemps, la France entretient des relations amicales avec son régime-client à Kigali, le régime qui a planifié et met en oeuvre le génocide.
Désireux d'éviter la moindre éventualité d'intervention, l'administration Clinton refusent scrupuleusement d'employer le mot 'genocide,' même après qu'il soit claire sans l'ombre de doute que tel est le cas. Loin d'être accidental, ceci est délibéré. La convention internationale pour la prévention du génocide, ratifié par le Sénat américain, obligerait les Etats-Unis et d'autres pays à agir. Des communiqués sont distribués au sein de l'administration Clinton interdisant que les événements au Rwanda soient qualifiés de 'genocide.'
Six semaines après le début des tueries, le Conseil de sécurité autorisent enfin la requête de Dallaire pour 5000 hommes, principalement issus des pays africains. Washington offre l'usage des équipments militaires aux pays africains. Mais le Département américain à la Défense se disputent avec l'ONU pendant deux semaines sur des questions de logistiques. Au cours des deux semaines de paralysie bureaucratique, presqu'une centaine de milliers périssent. Les équipements n'arrivent qu'un mois plus tard.
Vers la fin du génocide, l'ONU autorise la France à intervenir unilaterallement dans le Sud-Ouest du Rwanda. L'opération Turquoise serait charger de créer une zone sûre et elle en crée... pour les tueurs. La zone turquoise permet aux cadres du régime génocidaire, les amis de l'Elysée, de fuir vers l'Est de l'ancien Zaïre. Les génocidaires sont en train de perdre la guerre civile au FPR, qui contrôle Kigali le mois suivant.
L'attitude de Paris fait partie d'une longue tradition. Pour des décennies, les gouvernements français de gauche et de droite appuyaient des dicatures africaines sanguinaires, comme ont fait les Etats-Unis en Amérique latine. En fait, un mot français est inventé pour décrire cette exploitation néo-coloniale entreprise sans la moindre hante: la Françafrique.
La réaction du chef de l'Etat français n'est donc pas étonnant. En juillet 1994, François Mitterand déclare: "Dans ces pays-là, un génocide, c'est pas trop important."
En 1998, une commission française enquête sur le rôle de France dans le génocide. Son président est un allié de feu le président Mitterand. Il est pas surprenant que le rapport blanchit la France et déclare qu'elle fut "nullement impliquée." La Belgique et l'ONU lancent leurs propres enquêtes qui sont un peu plus scrupuleuses. Aucune enquête n'est entreprise aux Etats-Unis.
Beaucoup aurait pu être fait pour stopper ou empêcher le génocide, même si le déploiement de troupes français, belges ou américains étaient hors de considération. Ce point est capital. Certains préfèrent réduire tout à une dichotomie: envoyer des troupers ou faire absolument rien. Cette dichotomie est non seulement simpliste mais fausse.
Mais ceci sera élaboré demain.
**
Demain: Mythes et réalités sur le génocide.
Lecture recommandée: Dossier de Radio France Internationale sur le Rwanda.
Photo issue de: NPR. Des réfugiés proche d'une fosse commune. A l'époque, des émissions radiodiffusées appelaient les Hutus à tuer les 'cafards.' Des voisins ont tué leurs voisins et beaucoup de gens ont cherché le refuge dans les églises ou les écoles pour y trouver la mort.
A la suite de l'assassinat des chefs d'Etat rwandais et burundais le 6 avril 1994, le génocide se déroulé tout de suite. Le même jour, des milices extêmistes hutues commencent à tuer des Hutus modérés et tous les Tutsis. Le 9 avril, seuls trois jours plus tard, des journaux font déjà état de plusieurs 'dizaines de milliers' de morts. Ce jour-là, le général Dallaire demande que sa mission de 2500 soldats de maintien de la paix soit doublée. La France, les Etats-Unis et la Belgique rejettent cette requête pour des raisons propres à chacun.
La semaine suivante, des extrêmistes assassinent dix Casques bleues belges et les portent dans les rues de Kigali, la capitale rwandaise, devant les caméras. Cet événement est designé à choquer la Belgique pour qu'elle retire ses troupes, comme avaient fait les Américains en Somalie l'an précédent. Le plan réussit et les soldats belges quittent le pays le 15 avril.
Ne voulant pas se retirer seule, la Belgique demande aux Américains de mettre une fin définitive à la mission onusienne. Le secrétaire d'Etat (chef de la diplomatie américaine) Warren Christopher est d'accord et instruit Madeleine Albright, sa représentante auprès de l'ONU, d'insister sur une retraite totale. Elle s'y oppose farouchement, tout comme des pays africains.
Un plan 'compromis' finit par se faire adopter. Ce plan maintient les Casques bleues au Rwanda. Mais plutôt de doubler la mission, elle est réduite de 90% à quelques centaines.
Pas content de refuser le déploiement de leurs propres hommes, la France, la Belgique et les Etats-Unis refusent d'autoriser quelque intervention que ce soit afin de stopper ou empêcher le génocide... même une intervention venue d'ailleurs.
La Belgique ne veut pas être embarassée davantage à la suite de leur retraite hâtive. Les Etats-Unis sont paranoïques que même si un autre pays intervenait, les Américains allaient finir par être contraints de salir les mains... ce qui est inacceptable un après le débacle de Mogadisco. Depuis longtemps, la France entretient des relations amicales avec son régime-client à Kigali, le régime qui a planifié et met en oeuvre le génocide.
Désireux d'éviter la moindre éventualité d'intervention, l'administration Clinton refusent scrupuleusement d'employer le mot 'genocide,' même après qu'il soit claire sans l'ombre de doute que tel est le cas. Loin d'être accidental, ceci est délibéré. La convention internationale pour la prévention du génocide, ratifié par le Sénat américain, obligerait les Etats-Unis et d'autres pays à agir. Des communiqués sont distribués au sein de l'administration Clinton interdisant que les événements au Rwanda soient qualifiés de 'genocide.'
Six semaines après le début des tueries, le Conseil de sécurité autorisent enfin la requête de Dallaire pour 5000 hommes, principalement issus des pays africains. Washington offre l'usage des équipments militaires aux pays africains. Mais le Département américain à la Défense se disputent avec l'ONU pendant deux semaines sur des questions de logistiques. Au cours des deux semaines de paralysie bureaucratique, presqu'une centaine de milliers périssent. Les équipements n'arrivent qu'un mois plus tard.
Vers la fin du génocide, l'ONU autorise la France à intervenir unilaterallement dans le Sud-Ouest du Rwanda. L'opération Turquoise serait charger de créer une zone sûre et elle en crée... pour les tueurs. La zone turquoise permet aux cadres du régime génocidaire, les amis de l'Elysée, de fuir vers l'Est de l'ancien Zaïre. Les génocidaires sont en train de perdre la guerre civile au FPR, qui contrôle Kigali le mois suivant.
L'attitude de Paris fait partie d'une longue tradition. Pour des décennies, les gouvernements français de gauche et de droite appuyaient des dicatures africaines sanguinaires, comme ont fait les Etats-Unis en Amérique latine. En fait, un mot français est inventé pour décrire cette exploitation néo-coloniale entreprise sans la moindre hante: la Françafrique.
La réaction du chef de l'Etat français n'est donc pas étonnant. En juillet 1994, François Mitterand déclare: "Dans ces pays-là, un génocide, c'est pas trop important."
En 1998, une commission française enquête sur le rôle de France dans le génocide. Son président est un allié de feu le président Mitterand. Il est pas surprenant que le rapport blanchit la France et déclare qu'elle fut "nullement impliquée." La Belgique et l'ONU lancent leurs propres enquêtes qui sont un peu plus scrupuleuses. Aucune enquête n'est entreprise aux Etats-Unis.
Beaucoup aurait pu être fait pour stopper ou empêcher le génocide, même si le déploiement de troupes français, belges ou américains étaient hors de considération. Ce point est capital. Certains préfèrent réduire tout à une dichotomie: envoyer des troupers ou faire absolument rien. Cette dichotomie est non seulement simpliste mais fausse.
Mais ceci sera élaboré demain.
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Demain: Mythes et réalités sur le génocide.
Lecture recommandée: Dossier de Radio France Internationale sur le Rwanda.
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