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L'Afrique commentée

31.1.07

Le culte de personnalité et la faiblesse des institutions républicaines

La République de Guinée vient de sortir d'une grève générale de 17 jours. La grève, qui a coûté la vie à une soixante de citoyens du pays ouest-africain, a été lancée pour protester contre la vie chère et le régime du général Lansana Conté. Bien que les syndicats revendiquaient la démission du général gravement malade en tête d'un État sclérotique, ils aient accepté la nomination d'un premier ministre-chef du gouvernement... sans que l'identité de celui-ci soit connu.



La Guinée fut dirigé par Ahmed Sékou Touré. Ce tier-mondiste engagé, révolutionnaire et marxiste fut chef de l'État à partir de l'indépendance du pays en 1958 jusqu'à sa mort en 1984. Il commence par les bons mots, les paroles fleuries et les hauts idéaux pan-africainistes. Il crée des programmes sociaux destinés à aider les pauvres et éduquer les analphabètes. Mais il ne tarde pas à bâtir une dictature appuyée sur le culte de personnalité autour de lui. De faux complots. La haine ethnique. Diviser pour mieux conquérir. Les crimes contre l'Humanité ne cessait de se multiplier. Les opposants du chef/État 'disparaissent' un par un dans le Goulag guinéen.



Lors du référendum de 1958 et face au général de Gaulle sur le même podium, Sékou Touré a demandé aux Guinéens de choisir la liberté dans la pauvreté plutôt que la richesse dans l'esclavage. Les Guinéens sont l'unique peuple d'Afrique à dire NON à de Gaulle mais Sékou Touré n'a délivré que la moitié de sa promesse: la pauvrété dans la represssion.



A bas l'idéologie... le culte de personnalité finit inévitablement au pouvoir à tout prix.



Le général Conté prend les rênes du pays en 1984. Dans son célèbre discours-programme du 22 décembre 1985, Conté dénonce les dérives de l'ancien régime ajoutant: Un homme ne peut diriger à lui tout seul un grand pays comme le nôtre. Pas grand surprise que Conté finisse par trahir la plupart des promesses faites au cours de ce discours-programme. Un culte de personnalité s'érige autour de lui. A chaque scrutin, son cabal avertit que le pays s'effondrerait si l'homme-fort sera battu.



En Guinée, il n'y avait jamais d'État. Il n'y avait que des alliés du Chef. Et le pays ne cesse de sombrer dans la misère.



Une analyse parue dans Guinéenews (voir lien) dénonce la junte de Conté. Mais de plus, elle souligne l'impuissance des institutions républicaines affaibilies par presque 50 ans de culte de personnalité et le risque que cette impuissance représente pour quelque pays que ce soit.

18.1.07

Une grève générale fait trembler le régime guinéen

La Guinée vit sa 9e jour de grève générale, largement suivie des populations.

La grève a été lancée pour protester notamment contre la corruption et les détournements de fonds publics mais surtout contre la chereté de la vie et la chute du pouvoir d'achat.

Les leaders syndicaux ont demandé au président de l'Assemblée nationale Aboubacar Somparé de convenir la Cour suprême et de 'constater la vacance du pouvoir' en conséquance de la grave maladie du chef de l'État Lansana Conté. Ils ont jugé que le général Conté, qui souffre d'une diabète aigue, était 'physiquement affaibli et visiblement amnésique.' Si Conté évaquait le pouvoir, Somparé (qui est aussi le chef du parti du général-président) serait son successeur constitutionnel.

Selon le IRIN, des marches ont été dispersées par les forces dites de l'ordre dans plusieurs grandes ville de l'intérieur dont Mamou, Kankan, Fria, Nzerekore, Pita, Labe and Kindia.

Selon Guinéenews, le préfet de Pita, dans le centre du pays, a été chassé de la vie par des foules.

Des chefs syndicaux ont rencontré le chef de l'État mais l'ancien dictateur militaire leur aurait menacé de mort.

Un journaliste de la place indiquent que les forces de l'ordre seraient plus disciplinées que l'habitude mais des analystes croient que le régime est terrifié par l'éventualité d'un soulèvement populaire. Dustin Sharp de Human Rights Watch explique que des gens ont été blessés ou fusiliés au cours des grèves du passé. Il ajoute que "les conséquences et les possibilités d'un bain de sang sont bien réelles et tout le monde en est conscient."

C'est le plus important mouvement de protestation depuis l'indépendance du pays.