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L'Afrique commentée

23.9.03

VICTOIRE A L'ALTERMONDIALISATION?
L'éclatement dramatique de la conférence ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce tenue à Cancun, au Mexique, représente un premier pas historique dans la lutte pour mettre sur pied un système international de commerce plus juste.

Pour la première fois, les pays en voie de développement (PVD) se sont unis pour faire bloc contre le taxage des pays développés. En se soustraisant de la conférénce en cours, ces pays ont bloqué l'imposition d'un accord qui n'aurait rien fait contre la pauvreté chez eux. Mieux vaut aucun accord qu'un mauvais accord, disaient-ils. Par cette démonstration de la puissance de leur unité, les PVD ont transmis un message inambigu: leurs besoins ne devraient plus être mis à côté. Au sein d'une organisation gerée par le consensus, cette malentente fut fatale à la conférence.

Les trois grandes factions de pays dévelopés sont: les ?tats-Unis, le Japon et l'Union européenne. Chacun d'entre eux a un système généreux de subventions à leurs fermiers: le coeur du débat Nord-Sud. Les PVD ne peuvent pas offrir ces subventions, ce qui leur rend défavorable la compétition. Le projet de Cancun aurait reaffirmé leur [celui des pays dévéloppés] désir de réduire les subventions agricoles des pays industrialisés, sans concrétiser les dates et les objectifs précis, selon l'Inter Press Service. Et voilà le défi. Les PVD ont appris à ne plus se fier à ces promesses ambigues.

Et qui peut le leur reprocher? L'Europe et les Etats-Unis leur donnent leçon sur la valeur du libre-échange, sur le danger de l'intervention étatique dans le secteur économique (comme des subventions) et sur l'importance de se soumettre à la lettre aux dikats du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale; ces diktats au nom d'une libéralisation économique
fondamentaliste qui risque de ruiner les industries domestiques et chômer des milliers de personnes comme a été fait au Mozambique, en Afrique australe. Les PVD rétorquent: si la libéralisation économique fondamentaliste est la cure à tous les maux, que les Européens et Américains l'essaient eux-mêmes!

La VACHE moyenne est subventionnée par l'Union européenne jusqu'à 2$ (US) par jour, la vache américaine moyenne presque 3$ par jour et la vache moyenne japonaise 7$ par jour. La BBC souligne: Des économistes estiment que les PVD du monde perdent 24 milliards de dollars chaque année à cause des
subventions agricoles des pays riches.


Sans surprise, personne n'a accepté responsabilité de l'échec de la conférence. Mais le vrai problème est que l'Europe, le Japon et les Etats-Unis désirent les avantages du libre-échange sans vouloir en subir les obligations. Ils veulent garder les exceptions à eux sans les permettre aux autres. Cette hypocrise alimente la résistance et l'hostilité aux principes de libéralisation économique, libre-échange et mondialisation. Quand la mondialisation devient synonyme d'un "libre-échange" qui n'est vraiment pas libre (ni équitable), les gens dans les pays plus pauvres commencent à remettre en question la grande idée de mondialisation.

Plus de libre-échange et plus de transparence bénéficeraient aux PVD mieux de l'aide. Depuis des siècles, l'Occident donne de l'aide au développement et rien n'a vraiment changé pour le mieux dans beaucoup de pays, notamment ceux d'Afrique. Rien n'a changé parce que les bienfaits de l'aide sont réduits jusqu'au néant par les règlements commerciaux injustes. Bien qu'on ne devrait pas enlever l'aide au développement, des règlements commerciaux plus justes serait à l'avantage de tous. La puissance économique des pays occidentaux fut alimentée par une classe moyenne croissante. Créer une classe moyenne nombreuses à Sri Lanka ou au Ghana donnerait un coup de pouce à leurs économies.


Mais avant de se reprocher des PVD, il faut souligner notre histoire. En fin du 19e et au début 20e siècles, les pays occidentaux empruntèrent des méthodes qui seraient totalement inacceptables en l'an 2003. Le travail des enfants, les conditions de travail déplorables, pas de salaire minimum garanti, oppression des syndicats, tarifs douaniers. L'Occident s'est industralisée par une voie qui serait condamnée aujourd'hui. Les pays pauvres de nos jours n'ont pas ces possiblités (sans subir la désapprobation internationale). Et on se demande pourquoi leur développement se poursuit si lentement...

Il y a une grande fossé entre la propaganda des grands pays dévéloppés sur le libre-échange et les actes. Les agriculteurs japonais aiment leurs grandes subventions. Les fermiers européens détient une puissance politique peu proportionelle à leur nombre. Washington préfère négocient des conventions commerciales bilatérales afin de mieux intimider les pays individus pour qu'ils acceptent les diktats américains.

L'éclatement de la conférence est mauvais pour tout le monde, surtout les PVS. C'est évident qu'ils ne profitent pas du statu quo. Espérons que l'unité des PVD sera comprise par les pays dévelopés. C'est la première fois qu'on vit une situation où, en unissant notre savoir technique, on se siège à la table comme égaux, a noté le ministre sud-africain du Commerce. Peut-être, cette chute provoquerait un meilleur accord futur.

Mais lors d'un article dans href="http://www.guardian.co.uk/wto/article/0,2763,1042565,00.html">The
Guardian
(Londres), Adriano Campolina d'Action Aid a souligné la peur que les pays dévéloppés abandonneront le système mondial du commerce pour des accords bilatéraux ou régionaux. Comme on a vu avec l'ALENA [accord entre les ?tats-Unis, Le Mexique et le Canada], les PVD ne sortent pas vainqueurs par ce genre d'accord. L'élite usurpent la plupart des richesses et les communautés les plus pauvres sont laissées rien.

La propaganda américaine et européenne est correcte: le libre-échange serait au bénéfice des PVD, créerait des richesses et amélioront la pauvreté. La question est ceci: les leaderships européen et américain, sont-ils prêts à faire le nécessaire pour mettre sur pied des règlements commerciaux plus libres? Jusqu'à, la réponse est NON.