.comment-link {margin-left:.6em;}

L'Afrique commentée

18.4.06

Intrigues politiques en Guinée

L'instabilité politique en Guinée ne cesse de s'aggraver. Le 5 avril dernier, le premier ministre Cellou Dalien Diallo a été démis par le chef de l'État Lansana Conté. Le limogeage est parvenu quelques heures après l'annonce sur les ondes de la radio nationale que le général Conté avait renforcé les pouvoirs du premier ministre.

La présidence a justifié l'éviction de Diallo en l'accusant de 'faute lourde' sans fournir de précisions.

La confusion schizoprène pèse encore de doutes sur la compétence du général Conté. Selon le consensus, l'homme qui a présidé les destinées des Guinéens depuis 22 ans mais devenu gravement malade ne maîtrise plus le pays. Presque tous croient Fodé Bangoura, chef du cabinet à la présidence, détient les vrais rênes de pouvoir ainsi que le très influent homme d'affaires Mamadou Sylla.

Diallo a voulu ravitailler un État sclérotique et en panne, un État rendu exsangue par un petit clan mafieux. On espérait que son long service et loyauté lui aurait donné l'autorité d'agir; il avait servi dix ans comme ministre sous Conté. Mais ce clan l'a contraint à l'échec.

Mais il n'est pas le seul premier ministre à subir cette fin. Son predecesseur, François Fall, a démissioné après quelques petits mois de mandat citant les mêmes pressions. Sidya Touré fût nommé le premier chef de gouvernement du régime Conté en 1996 avec la même charge de modernisation. Frustré et déçu par les menottes que lui a imposées ce clan, il a quitté le poste après moins de trois ans pour rejoindre l'opposition.

La maladie de Conté sème encore de questions et d'intrigues. Son successeur constitutionnel serait Aboubacar Sompaoré, le président de l'Assemblée nationale (et chef du parti de Conté). Mais la Guinée n'a jamais connu de succession constitutionnelle. Un coup d'État militaire a suivi le décès du premier dictateur du pays; on crait une reprise après la mort du second.

Mise à jour: Le bimensuel L'Enquêteur a une bonne analyse de l'histoire de la primature guinéenne depuis 1996. Un poste à la fois ingrât et non-prévu par la constitution du pays. (NDLR: cet article a été publié avant la très critiquée suspension du journal par le régime guinéen)