Le chef et l'Etat morts-vivants

Un article dans Jeune Afrique analyse l'état politique en Guinée. L'homme fort du pays, le général Lansana Conté, est gravement malade. La situation politique du pays est effectivement paralysée depuis plusieurs ans en attendant sa mort. Un dauphin n'est pas évident. Le président de l'Assemblée nationale (et chef du mouvement présidentiel) accéderait en théorie au fauteuil présidentiel mais des tensions internes au sein de l'armée nationale planer des doutes sur une éventuelle succession constitutionnelle (ce qui ne s'est jamais advenue en Guinée).

Enfin la justice internationale?

Ca risque d'être une très bonne semaine pour la justice internationale.

D'abord, la présidente du Liberia Ellen Johnson-Sirleaf a demandé l'extradition de l'ancien dictateur Charles Taylor à la Cour spéciale internationale pour la Sierra Leone. Cette cour a inculpé l'ancien homme fort libérien, l'accusant d'avoir soutenu la brutale rebellion sierra-léonaise qui a commis les crimes de guerre les plus inimaginables.

Je haïs Charles Taylor. Je le déteste plus que n'importe quel être humain (s'il l'est). Aucune personne de la Terre vivante n'a semé plus de déstruction, n'a provoqué plus d'instabilité, n'a fait plus de violences, n'a détruit plus de vies que Charles Taylor.

De plus, la nouvelle Cour pénale internationale (CPI) va juger son premier prisonnier. Le procès de Thomas Lubanga devant la CPI s'est ouvert mardi dernier à La Haye. Le chef d'une milice en RD Congo appuyé par l'Ouganda est accusé de crimes contre l'Humanité et crimes de guerre. Notamment, les exactions contre les populations civiles et le recrutement des enfants soldats.

Que la justice leur soit aussi clémente qu'ils l'étaient auprès de leurs victimes.

Chasse aux sorciers au Gabon

La dictature dite bénigne du Gabon semble devenir de moins en moins bénigne.

Il y a quelques jours, les forces de (dés)ordre ont ont envahi le siège de l'UPG, la principale formation de l'oppsoition. Pierre Mamboundou, le président du parti et candidat malheureux à la présidentielle de novembre 2005, a pris la fuite.

La police prétend viser une cache d'armes qui serait détenues par l'UPG bien que l'opposition gabonaise demeure toujours paisibles et non armée.

En Guinée, le roi est (presque) mort

En Guinée, le général Lansana Conté a été évacué sur Genève pour des raisons de santé. L'homme fort de Conakry est atteint d'une diabète aigue et a fait très peu d'apparences publiques depuis plusieurs ans. Les autorités guinéennes démentent les rumeurs selon lesquelles la visite était question d'une urgence médicale.

En fait, le chef de l'Etat a même donné une très brève entrevue à la radio nationale depuis son lit en Suisse. Il s'est contenté de dire: Il faut dire au peuple de Guinée que tout va bien. Que je rentrerai bientôt.

Or, les Guinéens ont de quoi s'inquiéter.

Selon Guinéenews, les divisions au sein de l'armée nationale s'aggraveraient depuis la circulation des rumeurs sur la mort imminent du général Conté. On craint de sérieux réglements de comptes.

De plus, le portail indique: Selon une autre source à la BCRG, il y a eu officiellement des sorties de fonds hier samedi 18 mars à la Banque centrale de Guinée (BCRG), pour des « dépenses de souveraineté », mais il s'agit pour les barons et officiers de se mettre à l'abri en faisant des profusions, apprend-t-on.

Et les autorités françaises auraient préparé un plan de crise pour une éventuelle évacuation de leurs citoyens en cas de désordre public.

Le général célébrera(it) ses 22 ans au pouvoir le 3 avril prochain. Malgré ça (ou bien à cause de ça), les institutions civiles demeurent faibles en Guinée. Un véritable culte de personnalité s'est érigé autour de Conté et le petit clan du général gère tout dans le pays. Presque tous les fonctionnaires, du ministre puissant au modest sous-préfet, doit leur poste à Conté ou à son clan. Il y a donc beaucoup de gens qui ne sont pas prêts à céder volontairement leur position dans une véritable cour royale.

La Guinée n'a jamais connnu de succession constitutionnelle. Sept jours après la mort du prédecesseur de Conté, le tyran Sékou Touré, l'armée a pris le pouvoir et instauré un régime militaire avec Conté à sa tête.

Comment aimer la Côte d'Ivoire si on déteste tant les Ivoiriens?

Dans un entretien avec Le Figaro, le président ivoirien Laurent Gbagbo déclare que 'La relation France-Afrique doit changer.'

La France est le bouc-émissaire le plus (im)populaire chez les nationalistes xénophobes qui s'alignent derrière Gbagbo.

A Paris, ils ne savent pas de quoi ils parlent. L'Occident a un problème avec les autres mondes. Quand on écoute les gens parler de nos problèmes, il y a parfois tellement d'arrogance, lance-t-il.

Je ne comprends pas que des gens puissent croire qu'ils aiment nos pays plus que nous, ajoute le chef de l'Etat ivoirien.

Compte tenu de la folie qui règnent en Côte d'Ivoire, on peine à imaginer que les xénophobes et les milices qui agissent au nom d'un pervers nationalisme aiment vraiment leur pays. Comment aimer la Côte d'Ivoire si on déteste tant les Ivoiriens?

Le décès d'Ali Farka Touré

J'étais attristé d'apprendre la disparition du grand musicien malien Ali Farka Touré. Sa musique très naturelle et organique continuera de plaire aux oreilles des fans du world music des quatre coins du monde. Deux fois récipendaire d'un prix Grammy, il est mort la semaine dernière des suites d'un cancer. Malgré la renommée internationale qu'il avait atteinte, il a passé ses dernières années non à Paris ou New York mais dans son village natal de Niafunké, au nord de Tomboctou.

Il y a quelques ans, il fut élu maire de Niafunké où il tentait de rehabiliter l'agriculture locale.

Il était âgé de 66 ans.