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L'Afrique commentée

18.10.05

Le président Wade déclare la guerre à la presse sénégalaise

Le président du Sénégal Abdoulaye Wade a été largement salué de la communauté internationale (et par moi) comme un chef modèle de la nouvelle génération de dirigeants africains. Il est leader indéfatiguable pour les idéaux pan-africainistes, pour les réformes économiques et politiques à travers le continent ainsi que pour une nouvelle relation commercial entre l'Afrique et l'Occident. Mais depuis quelques ans, le chef de l'Etat sénégalais fait preuve d'une certaine intolérance envers la critique, notamment de la part de la presse privée.

Hier, les autorités nationales ont fermé Sud FM, la radio la plus influente du pays. Sud FM s'est retrouvé dans l'eau chaud pour avoir diffusé une entrevue avec le chef de l'aile dur du MFDC, un groupe qui agite pour l'indépendance de la région méridonale: la Casamance. Selon le gouvernement, l'entrevue a été une attente à la sûrété de l'Etat et les rediffusions de l'entretien ont été interdites.

La fermeture a été globalement dénoncé par un éditorial commun publié ou diffusé par quelques 20 journaux et radios issus de la presse privée, y compris chez les rivaux commerciaux de Sud. L'éditorial a souligné également les dérives précédentes, comme l'arrestation en juillet 2004 d'un autre journaliste pour des raisons douteuses. L'éditorial accuse le régime d'être si expert en brouillages et si prompt à inventer des prétexte et d'avoir un projet de liquidation du groupe de presse Sud.

L'ironie de la guerre entre le président Wade et les médias est ceci: c'était précisément cette presse indépendente qui a conduit l'opposant de toujours Wade au pouvoir lors des présidentielles de 2000. Elle a joué un rôle clé en combattant les tentatives de fraude électorale de l'ancien régime.

Peut-être Wade n'a pas compris que ces actes de la presse privée ont constitué une manifestion de devoir civique plutôt d'une expression de loyauté personnelle envers sa personne.

3.10.05

La Guinée, ou la lente chute

A la veille des 47 ans d'indépendence du pays, L'Intelligent/Jeune Afrique a brossé le portrait d'une Guinée en crise (portrait peu apprecié des autorités de Conakry qui ont saisi tous les numéros du magazine).

Plongée dans l'obscurité dès le crépuscule, du fait d'un manque cruel d'électricité dont elle souffre depuis plusieurs années, [la capitale] donne l'image d'un gros bourg tropical assoupi, note l'hebdo panafricain.

Quarante-sept ans après l'indépendance, la Guinée ne parvient donc toujours pas à fournir à sa population les deux choses aujourd'hui les plus indispensables à la vie : l'énergie électrique et l'eau courante.

Dysfonctionnement dans le secteur téléphonique, état pitoyable de l'éducation publique, gestion catastrophique des deniers publics, mais aussi... l'effondrement des recettes minières, l'économie continue de se détériorer.

Le pays a vécu une décennie prometteuse entre 1985 et 1995. Un coup d'Etat a renversé la dictature du parti unique (le soi-disant Parti démocratique de Guinée) et legalisé le multipartisme et la presse libre. Les routes ont été bâties, l'économie libéralisée (relativement) et le pays ouvert.

Mais aujourd'hui c'est ces progrès qui sont en train de se faire renverser. La parasite jumelle de corruption et de clientièlesme ne cesse de miner l'économie guinéenne. La classe politique est paralysée en attendant la mort du général Lansana Conté. Le très malade chef d'un Etat en panne refuse de dialoguer avec l'opposition. Dans son mauvais état de santé, c'est son entourage quasi-mafieux qui manipule le général et 'gère' le pays. Le climat social s'est dégradé profondément en l'an 2004 et encore plus en 2005.

Tout simplement, rien ne marche en Guinée.